MONTLUCON - EYGURANDE, C'EST FINI !

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MONTLUCON – EYGURANDE, C’EST FINI !

 

 

Dans l’après-midi du vendredi 29 février 2008, les derniers trains de voyageurs ont circulé entre USSEL, EYGURANDE-MERLINES et MONTLUCON, assurés par un autorail X 2200 du dépôt de Limoges. A l’instar de ce qui s’était passé, trois mois plus tôt, sur l’autre ligne des Combrailles, entre Lapeyrouse et Volvic, par le Viaduc des Fades, le service a été suspendu sous le prétexte d’un mauvais état de la voie. Depuis fin 2004 en effet, des ralentissements à 40 km/h étaient appliqués, étendus ces derniers mois sur 45 km, entre le sud de la gare d’Auzances et le pont sur le Cher, aux abords de Montluçon.

 

Cette ligne à voie unique de 94 km, de direction générale nord/sud, a été ouverte en deux phases par la Compagnie de Paris à Orléans (P.O.), d’abord entre Montluçon et Auzances, le 25 octobre 1885, puis, le 13 juin 1887,  jusqu’à sa jonction à Eygurande-Merlines avec la ligne transversale de Clermont à Tulle et avec l’embranchement des houillères de Champagnac, qui sera ultérieurement prolongé sur Aurillac d’une part, de Bort à Neussargues d’autre part. Jalonnée de courbes de 300 mètres de rayon et de rampes de 20 mm/m, elle s’élèvet de 207 mètres à Montluçon jusqu’à 775 m, entre Létrade et Giat, avant de redescendre à 713 mètres à Eygurande, offrant de beaux coups d’œil, en trois quarts avant gauche sur l’imposant Massif des Monts Dore .Peu nombreux, les ouvrages d’art sont concentrés, au nord, sur les 28 km de la rampe d’accès au plateau des Combrailles, entre Montluçon et Evaux-les-Bains (alt = 470 m) : on trouve deux viaducs en maçonnerie sur des ravins affluents à la vallée du Cher, mais surtout le chef d’œuvre lancé à 92 mètres au-dessus des gorges de la Tardes, un ouvrage semi-métallique à trois travées à poutres droites, long de 250 mètres au total, viaduc qui servit de modèle, vingt ans plus tard au viaduc des Fades. Sa construction fut marquée par un événement dramatique : dans la nuit du 26 au 27 janvier 1884, une tempête terrible précipita au fond de la vallée une partie du tablier métallique en cours de lancement.

 

Du fait de son orientation méridienne, la ligne de Montluçon à Eygurande a connu un riche passé, contrairement à sa petite sœur des Fades, toujours confinée dans un rôle local. A la veille de la seconde guerre mondiale, elle voyait transiter en été deux à trois trains nocturnes dans chaque sens, vers Le Mont-Dore, Aurillac/Vic-sus-Cère, St-Flour/Béziers et de nombreux convois diurnes. C’était alors le domaine d’élection des puissantes Décapod 6000, renumérotées 150 A à la SNCF, qui furent, en leur temps les machines à marchandises les plus puissantes d’Europe.

 

La disparition de la section Eygurande / Bort, en 1950, suite à la mise en eau du gigantesque barrage hydro-électrique, porta un premier coup sérieux à son activité. Mais jusqu’au milieu des années 1980, la ligne continua à voir passer de lourds convois grandes lignes, d’Ussel et Le Mont-Dore vers Paris, fusionnés ou dételés à Eygurande (jusqu’à 16 voitures au moment des vacances d’hiver).

 Le trafic Paris / Monts Dore ayant été progressivement détourné par Clermont et celui de Paris à Ussel par Limoges, la ligne s’est vue privée de son trafic de transit au tournant du siècle. Depuis la régionalisation des transports TER, la région Limousin qui l’avait prise en charge, quoiqu’elle jongle avec deux départements auvergnats (l’Allier, au départ de Montluçon, le Puy-de-Dôme, au niveau de Giat), n’avait maintenu qu’un seul aller et retour d’autorails (deux l’été), axé, à Montluçon, sur une correspondance de et pour Paris-Austerlitz et un aller et retour hebdomadaire de trains Corail Paris <> Ussel, suspendus dès la fin de 2007.

 

La disparition de Montluçon / Eygurande amoindrit un peu plus le nœud ferroviaire de Montluçon, qui, dans les années 1930 ne comptait pas moins de sept branches, vers Vierzon, Moulins, Gannat, Gouttières, Eygurande et Guéret. Il n’en reste que trois.

 

Yves ALLAIN, mars 2008

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